“Eromorphosis (1) Les Âmes en Fleurs” is a 3D film directed by the artist Valentin Ranger. This film presents us with a virtual poetic walk through the villa Noailles, around a profusion of sculptural and theatrical installations, metamorphoses celebrating the diversity of bodies, Love and the fragility of flowers. I wanted to talk with Valentin about his film because I was moved by this work, by its tenderness, its hybrid graphic beauty, its power to enchant.

Can you introduce yourself and your plastic work?

My name is Valentin Ranger, I am an artist and I am currently working in Paris. I worked in the theater before entering the Beaux-Arts de Paris. My artistic mediums vary between 3D, installation and drawing. My research evolves with the understanding of how the body functions and interacts with its environment at a quantum and macroscopic level, carnal and spiritual. 3D allows me to build an ecosystem that celebrates our mutations, our fluidity and our ability to connect to new narratives, linked by post-human and anthropological questions.

Following a residency that you did at the Villa Noailles in June 2020, you made a film entitled “Eromorphosis” (1) Les Âmes en Fleurs”. How did the residency and the creation of this film go?

I went to the Villa Noailles to work on an exhibition (Heroes/Heroïnes) where I made drawings. The exhibition was a true testimony of the solidarity and love that resides inside the Villa Noailles. During this residency I had the chance to discover an incredible architecture, but above all a sunny, generous and very inspiring team. It is a place of immense creative strength. The region is magnificent, the vegetation is lush, everything led to contemplation and dream.

There is in your film an invitation to let go, something very heartwarming. It also seems to be part of a form of surreality. There is the presence of Marie-Laure de Noailles, who was a supporter of the Surrealist movement. She also appears in Man Ray’s “Les Mystères du Château de Dé” filmed at the Villa Noailles in 1929. The Villa is like transfigured in your film, bathing in art and vegetation. How did the figure of Marie-Laure de Noailles and the architecture of her Villa help you to construct soothing visual landscapes, rich in beauty and symbolism? What meaning do you give to all these visions?

The architecture of the place, conceived by the architect Mallet-Stevens, was strongly inspired by a ship that I wanted to rethink as a ship flying through the cosmos. I was very inspired by the influence of Marie Laure on Dali, Man Ray, Brancusi and Cocteau. There is a lot of love inside this place, a celebration of flowers through the gardens, a tolerance for beautiful dreams.

It was the perfect place to tell the story of the creation of new body forms, linked to our powerful and sensitive image of flowers, to their diversity. I wanted to imagine a new form of poetic and sensual reproduction, the birth of a new species linked to these new bonds. Focused on tenderness, vulnerable but strong.

You use 3D modeling not as a means of realistic representation but rather as an extension of your visual world. We can see it with the integration of your floral drawings or for example with “les laboureurs du cœur” which by their bodies, their textures evoke living sculptures. Can you tell us about them?

Drawing is a real support for my work, it is a place of freedom that directly welcomes our instincts and sometimes our fragility. There is an ambivalence that exists within this film where the sculptures cannot live but still try to deliver a message of love. The creatures are protected from the deep construction that we have of our representations of the body. These bodies are rather metamorphoses of feelings and inner affect. The biomorphic sculptures are filled with magic, phantasmagoria, and assumed interiority. There are no rules that prevent them from loving.

In a description of your film, you mention a celebration of the diversity of bodies. What place do you give to queer identities in your work in general?

Thanks to the Queer community’s fight against exclusion, new bodies are acquiring the right to live and love. But this right is fluctuating, the exclusions persist and the fights are always present and renewed. The 3D and the virtual universes are potentials, criticisms of our possible worlds. Of our solidary communities. The deconstruction of our westernized bodies leads us to define new links that we had then lost. The bodies are strange and complex. We define ourselves by the representations we have acquired, when scientific progress reveals an inner world far from our education. My work is directly linked to this complexity and to the future possibilities of assuming ourselves always in metamorphosis and fluidity. The virtual is a new theater for all our bodies in transition.

Version Française

“Eromorphosis” (1) Les Âmes en Fleurs” est un film 3D réalisé par l’artiste Valentin Ranger. Ce film nous présente une balade poétique virtuelle dans les murs de la villa Noailles, autour d’une profusion d’installations sculpturales et théâtrales, des métamorphoses célébrant la diversité des corps, l’Amour et la fragilité des fleurs. J’ai eu envie d’échanger avec Valentin sur son film car j’ai été émue par cette œuvre, par sa douceur, sa beauté graphique hybridée, son pouvoir d’enchantement.

Est-ce que tu peux nous présenter ton parcours, ainsi que ton travail plastique ?

Je m’appelle Valentin Ranger, je suis artiste et je travaille actuellement sur Paris. J’ai travaillé dans le théâtre avant de rentrer aux Beaux-Arts de Paris. Mes supports varient entre la 3D, l’installation et le dessin. Mes recherches évoluent à mesure des compréhensions sur le fonctionnement du corps et ses interactions avec son environnement à un niveau quantique et macroscopique, charnel et spirituel. La 3D me permet de construire un écosystème qui célèbre nos mutations, notre fluidité et nos capacités à nous connecter à des nouveaux récits, habités par des interrogations post-humaines et anthropologiques.

Suite à une résidence que tu as effectué à la Villa Noailles au mois de Juin 2020 tu as réalisé le film intitulé « Eromorphosis” (1) Les Âmes en Fleurs ». Comment s’est déroulée la résidence, et la création de ce film ?

Je suis allé à la Villa Noailles pour travailler sur une exposition (Héros/Heroïnes) où j’ai réalisé des dessins. L’exposition était un vrai témoignage de la solidarité et l’amour qui réside à l’intérieur de la Villa Noailles. Pendant cette résidence j’ai pu découvrir une architecture incroyable, mais surtout une équipe solaire, généreuse et très inspirante. C’est un lieu d’une force créatrice immense. La région est magnifique, la végétation luxuriante, tout amenait à la contemplation et au rêve.

Il y a dans ton film une invitation au lâcher-prise, une poésie très réconfortante. Il semble s’inscrire également dans une forme de surréalité. Il y a la présence de Marie-Laure de Noailles, qui fut une soutien du mouvement Surréaliste. Elle apparaît d’ailleurs dans « Les Mystères du Château de Dé » de Man Ray tourné à la Villa Noailles en 1929. La Villa est comme transfigurée dans ton film, baignant dans l’art et la végétation. Comment la figure de Marie-Laure de Noailles et l’architecture de sa villa t’ont aidé à construire des paysages visuels apaisants, riches de beautés et de symboles ? Quel sens est-ce que tu donnes à toutes ces visions ?

L’architecture du lieu, pensée par l’architecte Mallet-Stevens s’inspire fortement d’un navire que j’ai voulu repenser comme un navire volant à travers le cosmos.  J’étais très inspiré par l’influence de Marie Laure sur Dali, Man Ray, Brancusi et Cocteau. Il y a beaucoup d’amour à l’intérieur de ce lieu, une célébration des fleurs à travers les jardins, une tolérance pour les beaux rêves.

C’était l’endroit parfait pour raconter la création de nouvelles formes de corps, lié à notre image puissante et sensible des fleurs, à leur diversité. Je voulais imaginer une nouvelle forme de reproduction poétique et sensuelle, la naissance d’une nouvelle espèce liée de ces nouveaux liens. Concentrée sur la tendresse, vulnérable mais forte.

Tu utilises la modélisation 3D non pas comme un moyen de représentation réaliste mais plutôt comme un prolongement de ton univers plasticien. On le voit avec l’intégration de tes dessins floraux ou encore par exemple avec les laboureurs du cœur qui de par leurs corps, leurs textures évoquent des sculptures vivantes. Est-ce que tu peux nous en dire quelques mots ?

Le dessin est un vrai support pour mon travail, c’est un endroit de liberté qui accueille directement nos instincts et parfois nos fragilités. Il y a une ambivalence qui existe à l’intérieur de ce film où les sculptures ne peuvent pas vivre mais essaient pour autant de délivrer un message d’amour. Les créatures sont protégées de la construction profonde que nous avons de nos représentations du corps. Ces corps sont plutôt des métamorphoses de sentiments et d’affect intérieur. Les sculptures biomorphiques sont remplies de magie, de fantasmagorie, et d’intériorité assumée. Il n’y a pas de règles qui les empêchent d’aimer.

Tu évoques dans une description de ton œuvre une célébration de la diversité des corps. Quelle place tu donnes aux identités Queer dans ton travail en général ?

Grâce aux combats de la communauté Queer contre l’exclusion, de nouveaux corps acquièrent le droit de vie et d’aimer. Mais ce droit est fluctuant, les exclusions persistent et les combats sont toujours présents et renouvelés. La 3D et les univers virtuels sont des potentiels, critiques de nos mondes possibles. De nos communautés solidaires. 

La déconstruction de nos corps occidentalisés nous amène à définir des nouveaux liens que nous avions alors perdus. Les corps sont étranges et complexes. Nous nous définissons par des représentations que nous avons acquises, quand le progrès scientifique nous révèle un monde intérieur loin de notre éducation. Mon travail est lié directement à cette complexité et aux futures possibilités de nous assumer toujours en métamorphose et fluidité. Le virtuel est un nouveau théâtre pour tous nos corps en transition.

Interview by Charline Kirch // Interview par Charline Kirch

A big thank you to Valentin Ranger for this interview. All the images presented in this article are his property.

// Un grand merci à Valentin Ranger pour ses réponses. Toutes les images présentées dans cet article sont sa propriété.

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